Les saignements de nez, ou épistaxis, sont un problème courant lorsqu’il fait froid. En effet, beaucoup de personnes constatent une augmentation des saignements nasaux lors des périodes hivernales, sans comprendre exactement pourquoi. Ce phénomène s’explique pourtant par des raisons physiologiques et environnementales. Explorons les causes de l’aggravation des épistaxis par le froid et les solutions pour prévenir ce symptôme en hiver, qui, bien que bénin, peut être particulièrement handicapant dans certaines situations.
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1- Pourquoi le froid favorise-t-il les épistaxis ?
- L’assèchement des muqueuses nasales
L’une des principales raisons pour lesquelles le froid aggrave les épistaxis est le manque d’humidité dans l’air. En hiver, l’air froid retient moins d’humidité, ce qui entraîne un assèchement de la muqueuse nasale. Cet assèchement rend la paroi interne du nez plus fragile et sujette aux microfissures, augmentant ainsi le risque de saignement. De plus, le chauffage intérieur accentue cette déshydratation, rendant les muqueuses encore plus vulnérables. Lorsque la muqueuse devient trop sèche, elle perd son élasticité naturelle, ce qui fragilise la muqueuse nasale et facilite la rupture des petits vaisseaux sanguins. - La vasoconstriction et l’augmentation de la pression sanguine
Le froid provoque une vasoconstriction, c’est-à-dire un rétrécissement des vaisseaux sanguins. Cette réaction naturelle du corps de défense face à une « attaque extérieure », le froid, vise à limiter la perte de chaleur. Cette réaction a un effet secondaire : une augmentation de la tension artérielle c’est-à-dire de la pression avec laquelle le sang circule. Lorsque cette pression est élevée, les petits vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale sont fragilisés, favorisant ainsi les épistaxis.
Certaines personnes souffrant d’hypertension sont particulièrement vulnérables à ce phénomène en hiver. L’effort physique dans le froid, comme le sport en plein air, peut aussi accentuer cette pression et provoquer des saignements. - Les changements de température
Passer brusquement d’un environnement très froid à un environnement chaud est une autre cause possible des épistaxis hivernales. Lorsque nous entrons dans un endroit chauffé après avoir été exposé au froid, les vaisseaux sanguins, précédemment contractés, se dilatent rapidement. Cette dilatation soudaine peut provoquer des ruptures des vaisseaux sanguins du nez, surtout si la muqueuse nasale est déjà fragilisée par l’air sec.
2- Qui est le plus touché par les épistaxis hivernales ?
Certaines personnes sont plus sujettes aux saignements de nez en hiver :
- Les enfants et les personnes âgées, dont les muqueuses sont plus fragiles.
- Les personnes souffrant d’allergies ou de rhinites chroniques, car elles utilisent souvent des décongestionnants qui assèchent encore plus le nez.
- Les sportifs pratiquant en extérieur, exposés à l’air froid de façon prolongée.
- Les individus souffrant d’hypertension, pour qui la vasoconstriction hivernale peut être un facteur aggravant.
3- Comment prévenir les épistaxis en hiver ?
Plusieurs solutions permettent de réduire la fréquence du saignement de nez en hiver.
- Maintenir une bonne hydratation nasale
- Utiliser un spray nasal hydratant à base de sérum physiologique pour maintenir l’humidité des muqueuses.
- Appliquer une pommade protectrice à base de vaseline ou de gels nasaux hydratants.
- Boire suffisamment d’eau tout au long de la journée pour assurer une bonne hydratation interne.
- Humidifier l’air ambiant
- Utiliser un humidificateur d’air dans les pièces chauffées.
- Placer un bol d’eau sur les radiateurs pour éviter que l’air ne devienne trop sec.
- Aérer régulièrement les pièces pour renouveler l’air.
- Éviter les facteurs irritants
- Réduire l’usage des sprays nasaux décongestionnants, qui ont un effet asséchant.
- Protéger son nez en portant une écharpe pour réchauffer l’air inspiré.
- Limiter la consommation d’alcool et de café, qui favorisent la déshydratation.
- Adopter des gestes doux pour le nez
- Ne pas se moucher trop violemment pour ne pas fragiliser les capillaires.
- Ne pas introduire de corps étrangers dans le nez, comme les cotons-tiges, qui peuvent irriter les muqueuses.
- En cas de rhume, préférer un lavage nasal doux à base de sérum physiologique.
Si vous saignez du nez, quels que soient la saison et le lieu, les réflexes sont les mêmes. Voici les bons gestes à connaître pour arrêter un saignement de nez rapidement.
4- Conclusion
Les épistaxis hivernales sont souvent liées à l’air sec, au froid et aux changements de température. Comprendre ces mécanismes permet d’adapter son hygiène de vie et d’adopter des gestes préventifs pour limiter leur fréquence. En maintenant une bonne hydratation des muqueuses et en prenant soin de son environnement, il est possible de réduire considérablement les saignements de nez durant l’hiver.
Si vous souffrez d’épistaxis régulières et abondantes, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour évaluer d’éventuelles causes sous-jacentes.
Références :
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6- Trinh-Duc et al. Fiche 88 : épistaxis. Ed. Elsevier-Masson. Méga-guide pratique des urgences. 2016 : 599-602
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8- Manuel MSD – https://www.msdmanuals.com/fr/professional/affections-de-l-oreille-du-nez-et-de-la-gorge/prise-en-charge-du-patient-qui-pr%C3%A9sente-des-sympt%C3%B4mes-nasaux-et-pharyng%C3%A9s/epistaxis
NET25COG08A – Février 2025